Louise Herrero, Estelle Rotier, fantaisistes et charmeuses

Deux jeunes comédiennes à découvrir dans une fable étrange, qu’elles ont concoctée et jouent sous le titre « C’est un réflexe nerveux on n’y peut rien. »

Si l’on a bien compris le projet de ces deux jeunes femmes très douées pour le jeu, elles nous présentent deux prisonnières, dans un espace étroit où elles sont assignées à des tâches répétitives et emblématiques du destin de femme. Se bien tenir, se bien exprimer, se bien soumettre aux obligations ménagères, style, mettre la table.

Louise Herrero. Photographie DR.

Attifées très bizarrement dans des costumes dessinés par Juliette Megevand et Max Rapetti-Mauss, ne bougeant que très peu derrière une table (scénographie d’Ivelya Della, lumières de Titiane Barthel), elles s’expriment en phrases brèves, formules, et dans la répétition d’un quotidien infernal. Lorsque vient la nuit, elles dérapent un peu.

Comme elles le disent, il y a là « une grande excitée et une petite boulotte » ! Rassurez-vous, Estelle Rotier et Louise Herrero sont ravissantes une fois abandonnées les prothèses diverses qui les enveloppent ! On voit à leurs visages, à leurs regards, qu’elles sont douées. Elles ont de l’esprit, et une plasticité expressive formidable. On rit beaucoup à observer leurs mimiques et leurs yeux qui pétillent.

Curieusement, aussi jeunes soient-elles, elles semblent avoir hérité pour la forme, pour le décalage et la tentative d’abstraction, des artistes de l’absurde, de Beckett à Ionesco. On pense beaucoup à Jean Tardieu et à sa manière de jouer avec les mots et de montrer combien ils peuvent s’échanger…  

Estelle Rotier. Photographie DR.

La musique d’Eloi Simonet rompt le ronron de la répétition. Elle est parfois trop appuyée : mettre la table, par exemple ou allumer les loupiottes de la nuit. Mais n’exagérons pas ! Une heure de spectacle, et l’on ne saurait souffrir du moindre ennui car nos deux fantaisistes ont beaucoup de charme. Elles sont espiègles et libres.

La petite salle des Déchargeurs accueille ce moment drôle aux sources graves. On prend la mesure des qualités des comédiennes. Elles jouent par ailleurs, ici et là, avec d’autres artistes.

On les reverra !

Théâtre des Déchargeurs, samedi 14 et dimanche 15 à 21h00, mardi 17 mai à 13h00 et 15h30, samedi 21 mai, dimanche 22 mai à 21h00. Tél : 01 42 78 46 42.