A voir et revoir

A Gennevilliers, pour quelques jours, un formidable travail de Marie-Christine Soma, d’après un texte de Tristan Garcia. Avec Pierre-François Garel. Revoici l’article d’octobre lorsque La Septième a été donnée à la MC93.

Dirigé par Marie-Christine Soma qui a adapté 7 le livre de Tristan Garcia, sous le titre La Septième, Pierre-François Garel est époustouflant, dans une partition aussi sensible que fantastique.

Plus de deux heures pour un solo ? On pourrait hésiter. Mais parce que l’on connaît le travail de Marie-Christine Soma, venue à la mise en scène par la voie des lumières, parce que l’on connaît le talent profond et modeste de Pierre-François Garel, et parce que l’adaptation du livre de Tristan Garcia met en appétit, on est au contraire très heureux de s’embarquer dans la salle Christian Bourgois de la MC93.   

L’intelligence de la construction, le va-et-vient sans excès avec un écran où l’on peut découvrir Pierre-François Garel lui-même, et d’autres personnages, dont un petit garçon, l’ensemble étant incarné tour à tour par Mélodie Richard, Vladislav Galard, Gaël Raës, l’homme du plateau n’est jamais seul.

L’équipe artistique est inspirée : scénographie de Mathieu Lorry-Dupuy, costumes de Sabine Siegwalt, musique et son de Sylvain Jacques, vidéo de Pierre Martin et tout un groupe doué pour le film, tout cela donne une cohérence profonde à un « spectacle » paradoxal qui, comme l’écriture même de l’écrivain, hésite entre quotidien familier et fantastique.

L’argument l’est. Un homme ne cesse de mourir, ne cesse de revivre. Certains épisodes se répètent, certaines figures font retour. Que croire ? Qui croire ?

Sans doute sans l’habileté délicate de Marie-Christine Soma, ne serait-on pas à ce point subjugué. Mais c’est la présence, la finesse d’un artiste qui se déplace à la vitesse de l’éclair, qui impose et la présence du « héros » et les fantaisies de ses vies, qui font le charme intense de la représentation. A voir d’urgence ! Comme dans l’espace de la salle, on est proche de l’interprète, on peut admirer les mille et une nuances de son jeu, voix, gestes, déplacement, vitalité et même regards. C’est superbe. Un exercice de haut vol, sans esbroufe. Du vrai et grand théâtre.

Théâtre de Gennevilliers, à partir de demain 23 avril. A 20h00, samedi 18h00, dimanche 16h00. Tél : 01 42 32 26 26.