Serge Valletti, en toute fantaisie

Donné à Avignon en 2017, le spectacle « Baie des Anges » est enfin de retour. La même distribution, le même esprit. Avec accent et grandeur romanesque !

Ne mentons pas ! On attend de retrouver prochainement David Ayala dans le rôle de Gérard…Il est éloigné de la scène par un mauvais incident de santé. Il a repris dès le 17 juin, mais nous ne l’avons pas encore revu.

Une atmosphère de film noir…Joséphine Garreau et le metteur en scène et interprète de Gérard, Hovnatan Avédikian. Photo de Giovanni Cittadini Cesi. DR.

Son metteur en scène et ami, comédien très personnel, Hovnatan Avédikian le remplace et ne démérite en rien. Il propose une version nerveuse, hâbleuse du personnage. Une manière très efficace. David Ayala, vu il y a quatre ans dans cette partition, apportait quelque chose de plus angoissant à ce bavard de Gérard. On comprend qu’il a convoqué deux comédiens pour tenter de raconter l’histoire de son ami Dominique, mort tragiquement.

Baie des Anges. Un nom qui fait rêver. Nice, splendeur de la Méditerranée. La Baie des Anges, un film de Jacques Demy, avec Jeanne Moreau, blonde platine, joueuse, menteuse et Claude Mann, jeune, avant Duras…

Nous reparlerons de cette pièce très étonnante de Serge Valletti : il dit qu’il l’a écrite « d’après une idée originale de Faramarz Khalaj ». Producteur de cinéma, cet homme affable et enthousiaste est hanté par la mort tragique d’un de ses amis. Il lui raconte cette histoire, mystérieuse et l’imaginatif Valletti se saisit avec sa fantaisie et son intelligence habituelles d’une intrigue qu’il transfigure.

Par Julien Benhamou (DR) Nicolas Rappo et Joséphine Garerau.

Chez Valletti, pas de didascalies. On plonge immédiatement dans l’action. Dans une scénographie savamment déglinguée de Marion Gervais, des lumières de Stéphane Garcin et du son –« design sonore » s’il vous plaît -, de Luc Martinez et Eric Pedini, les interprètes se jettent dans le jeu avec jubilation. Hovnatan Avédikian est donc Gérard, drôle de type…Vif, nerveux, il donne au personnage de l’électricité… Et soulignons-le, c’est lui qui a été le truchement entre le producteur Faramaz Khalaj et Serge Valletti.

Mais, on l’a dit, Ayala revient…

Armand, fin et délié  Nicolas Rappo, s’amuse en une composition de metteur en scène qui propose des solutions au fameux Gérard. Quant à la ravissante Joséphine Garreau elle est la belle de ce vrai-faux film noir, cette comédie angoissante et cocasse qu’elle répète à l’abri, dans cet espace où chacun confronte ses visions au récit morcelé…

Une salade niçoise ? Non ! Une « varieta » à l’Italienne, plutôt. A la Méditerranéenne…Car avec cette bande, Marseille n’est pas loin non plus, ni la Corse !!! On rit des trouvailles de dialogue, du style unique de Serge Valletti et de l’engagement joyeux, sincère et légèrement distancié, des interprètes épatants.

Théâtre du Rond-Point, salle Roland Topor. A 20h30 du mardi au samedi, dimanche à 15h30. Durée : 1h20. Jusqu’au 4 juillet.

Représentations supplémentaires à 16h00 les samedi 26 juin et 3 juillet.

www.theatredurondpoint.fr

Tél : 01 44 95 98 21.

Le texte est publié, par l’auteur qui lance sa propre édition. « Chez Walter », 2 avenue du Blanchissage, 84000 Avignon. En vente à la librairie du Rond-Point. Avec des photos.