Son conte, La plus précieuse des marchandises, connaît un succès international. Charles Tordjman l’a adapté et le met en scène, dirigeant Eugénie Anselin et Philippe Fretun. Très émouvant.
Le décor apparaît complexe et étrangement métallique. Mais Vincent Tordjman a mis au point un dispositif qui laisse une belle place aux deux interprètes, finement dirigés par Charles Tordjman.
On connaît très bien Philippe Fretun, être de délicatesse qui donne au personnage de l’homme, une candeur qui sied à merveille au conte. Face à lui, Eugénie Anselin, qui a une belle carrière en langue allemande, et travaille depuis 2019 avec Charles Tordjman. Elle possède une grâce, une poésie, un charme profond. On sait qu’elle écrit et qu’elle a connu un très grand succès avec un monologue composé et joué par elle, au Luxembourg.
On ne sait pas si les spectateurs connaissent déjà le texte très touchant, bref, terrible par moments, tendre profondément, avec un souci de blancheur –c’est à nous de « voir » les trains, à nous de retrouver la cruauté du temps dont il est question. La plus précieuse des marchandises est un texte bref, et Jean-Claude Grumberg a vu le cercle de ses lecteurs s’élargir au monde entier avec ce court récit fictif qui sonne si « vrai ». S’il est très connu comme dramaturge, il n’avait jamais connu un tel succès mondial…
Charles Tordjman est fin, subtil. Il a déjà mis en scène des pièces de Grumberg. Avec cette transposition, il nous offre un moment très profond, mais sans surligner les malheurs qui sont à l’arrière-plan du texte.
Le son, les lumières, la vidéo, tout est d’une facture d’excellence et n’alourdit en rien la pureté de l’écriture.
C’est simple –mais très pensé- et lumineux. Les deux interprètes sont merveilleux. Un moment grave, rare, mais qui fait sourire parfois.
Théâtre du Rond-Point, à 18h30 du mardi au dimanche. Jusqu’au 17 octobre à 15h30 ce jour-là. Durée : 1h10. Tél : 01 44 95 98 21. Le livre est en vente à la librairie du théâtre, tout comme le dernier ouvrage de Jean-Claude Grumberg, Jacqueline Jacqueline (Seuil, 20€). Sa vie, jusqu’à la plus intime, avec son épouse, décédée d’un cancer.