Accueillie dans la salle de répétition du Théâtre du Soleil, l’équipe conduite par Paul Platel a pour elle l’énergie, l’engagement. Mais le propos de Pardon Abel est noyé dans un spectacle trop long qui souffre de faiblesses structurelles. Rien qui puisse nous détourner de découvrir le travail précédent, Je me souviens, à nouveau présenté dans quelques jours.
On ne connaissait pas le travail du jeune Paul Platel, auteur, metteur en scène, chef de troupe. Il a réuni autour de lui une équipe artistique, interprètes, scénographe, costumière, lumières, son, de qualité et la distribution mêle les générations. Des comédiens qui commencent leur chemin et d’autres qui ont déjà une expérience certaine, tels Christian Jéhanin et Jean-Paul Mura.
On en est certain, il y a beaucoup de qualités en germe dans l’ambition de ce groupe, et de Paul Platel en particulier. Mais, et il doit bien s’en rendre compte, si les intentions sont claires, longuement exposées dans un dossier de presse copieux, le propos n’est pas clair et il gagnerait à être plus serré. Citons un extrait de son projet : « Dans une ville du bord de mer, une politique très libérale va pousser à la construction d’immeubles, d’hôtels, et de tous les outils possibles pour faire de cet endroit anciennement agricole une nouvelle Californie. En quelques années c’est incroyable comme la ville a changé de visage : casinos et grandes surfaces sortent de terre, la population ainsi que le tourisme s’accroissent. La ville est maintenant connue de tous et ses dirigeants n’ont qu’une idée : ne pas s’arrêter au milieu du chemin. Pour créer un studio de cinéma qui sera consacré au tournage d’une série inspirée d’une célèbre série américaine, le maire Nicolas accompagné de son bras droit Franck a décidé de repousser l’eau d’un fleuve en construisant un barrage gigantesque. »
Une catastrophe va survenir. C’est le monde d’après que tente de nous raconter Paul Platel. Mais il faudrait qu’il soit plus sévère avec lui-même. En vérité, ce sont des maladresses de jeunesse qui apportent du flou à la représentation et le fait que l’auteur veuille embrasser trop de sujets. Il a des références très diverses et des modèles, grands, mais tout part un peu dans tous les sens, à cause de cela même…L’ensemble donne un sentiment de faiblesse, de manque d’originalité, d’inutiles échanges et péripéties. On ne dira pas de complaisance. Mais il faut tailler, renoncer, donner une forme plus solide à la « pièce ».
Les interprètes sont pour la plupart convaincants et l’on reparlera certainement d’eux après avoir vu Je me souviens. Citons-les : Manon Falippou, Marianne Giraud, Nicolas Katsiapis, Vincent Martin, Willy Maupetit, Gaétan Poubangui, Jason Marcelin-Gabriel. Et les aînés déjà cités, Christian Jéhanin, Jean-Paul Mura. Beaux costumes d’Estelle Deniaud, scénographie légère et efficace de Louise Digard (on n’a pas besoin d’un entracte, en fait), lumières d’Ugo Perez, son de Louise Prieur.
On ira voir Je me souviens et on en dira plus !
Soutiens du spectacle : Théâtre du Soleil, Théâtre National de Nice et Scène 55 de Mougins.
Prochains rendez-vous : « Je me souviens », texte et mise en scène de Paul Platel, du 1er au 10 juillet, salle de répétition du Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes. Durée : 2h45, entracte compris. Du mercredi au vendredi à 19h30, samedi 15h00 et 19h30, dimanche 15h00.
Réservations : www.theatre-du-soleil.fr