A la Cartoucherie, le jeune artiste reprend son premier spectacle. « Je me souviens », qu’il a écrit et met en scène, est en partie puisé dans sa vie. Une troupe excellente sert ce spectacle tonique.
Créé il y a deux ans, Je me souviens est le premier spectacle très personnel de Paul Platel. Il a pu l’élaborer grâce à la confiance que lui a manifesté Ariane Mnouchkine. Le Théâtre du Soleil l’a invité à nouveau avec sa compagnie, « Le Théâtre des Evadés ». Après Pardon Abel, on peut voir le premier grand travail de troupe, Je me souviens.
Le jeune artiste a grandi dans un petit village de l’arrière-pays niçois, La Gaude. Non loin de Vence. Mais c’est en se formant, dans la région parisienne, qu’il a trouvé ses camarades à trois exceptions près, Marianne Giraud, Estelle Gaglio Mastorakis, Willy Maupetit, tous sont issus de l’Ecole Départementale de Théâtre de l’Essonne, EDT91. A commencer par Christian Jéhanin, l’aîné, le directeur de l’institution, comédien virtuose et metteur en scène qui a beaucoup travaillé avec Antoine Caubet. Citons les autres, Jean-Paul Mura, et les tout jeunes, Manon Falippou, Nicolas Katsiapis, Vincent Martin, Gaétan Poubangui, Jason Marcelin-Gabriel. Dans Je me souviens, Paul Platel lui-même joue. Il est un comédien très sensible, très mobile, avec une présence forte et poétique.
Peu d’éléments de décor, des changements à vue, un entracte au bout d’une heure, et un spectacle qui se donne allegro vivace, avec du sentiment, de la gravité car l’histoire, les histoires qui se racontent sont plombées de menaces parfois. Mais la jeunesse est aussi insolence blagueuse et le traitement de la Sainte Vierge est assez irrésistible.
La musique joue un rôle très important dans ce spectacle. Des répertoires variés : des airs traditionnels, très beaux, des chants sacrés, et aussi de la pop. Il y a dans l’histoire, une admiratrice passionnée de Céline Dion…Les comédiens eux-mêmes chantent, et très bien. Et les airs réunis ajoutent au charme de la représentation.
Trois adolescents ont fondé une radio locale, d’autres s’aiment, d’autres ont du mal à se comprendre, d’autres cherchent leur identité. Ne racontons pas Je me souviens, qui tisse de nombreux destins. Ils sont liés, se croisent. Ils sont la vie dans la France de ces dernières années. « Mon envie profonde est d’être un conteur, un metteur en scène qui cherche à trouver l’outil capable d’emporter dans un pays lointain » dit Paul Platel qui croit à l’épique. Il a toute sa place au Soleil !
Ce qui est très convaincant, ce qui a plu profondément à Charles-Henri Bradier et à Ariane Mnouchkine, c’est le mouvement vif de la représentation, l’art des enchaînements comme des ellipses, la direction de jeu, les changements rapides, l’usage du temps. N’en disons pas plus. Découvrez ces jeunes, doués et laissez-vous embarquer !
Salle de répétition du Théâtre du Soleil, du mercredi au vendredi à 19h30. Samedi à 15h00 et 19h30. Dimanche à 15h00. Jusqu’au 10 juillet. Durée : 2h45, entracte compris.
Réservations : 07 65 27 66 17
Pour les groupes : 01 43 74 88 50 ; du mercredi au samedi de 11h00 à 18h00.
Avec Manon Falippou, Marianne Giraud, Estelle Gaglio-Mastorakis, Christian Jéhanin, Vincent Martin, Willy Maupetit, Jean-Paul Mura, Gaétan Poubangui, Jason Marcelin-Gabriel, Paul Platel
Collaboration artistique et aide à l’écriture Nicolas Katsiapis | Lumière Ugo Perez | Sons Louise Prieur