Françoise Pinkwasser, un rayonnant talent

Depuis l’orée de 80, et jusqu’il y a quelques années, elle n’avait guère quitté les plateaux de cinéma, de télévision, les scènes de théâtre. On l’appelait « Pinky ». Elle était sensible et tonique. Elle s’est éteinte le 26 janvier.

Elle avait les dents de la chance. Cela donnait un air d’éternelle jeunesse à ses radieux sourires. Elle avait les dents de la chance, comme son frère, Daniel Russo. Elle avait, en partage avec lui, une personnalité  forte, beaucoup de sensibilité dans son jeu, une énergie chaleureuse, une modestie d’enfant de troupe.

Mauvais temps pour le talent, ce mois de janvier 2022. Françoise Pinkwasser s’est éteinte cette semaine, le 26 janvier, des suites d’une longue maladie. Elle était née le 18 octobre 1957. Elle avait 64 ans. Depuis ses premiers cours avec Jean-Laurent Cochet et le conservatoire national supérieur d’art dramatique (CNSAD) où elle avait eu comme professeurs Denise Bonal, Pierre Vial, Jean-Pierre Miquel, elle avait enchaîné les rôles, au cinéma, à la télévision, comme au théâtre.

Jolie, avec ses dents de la chance et ses yeux clairs. Une très sensible personnalité. Photographie DR.

Si elle a tourné de nombreuses dramatiques pour la télévision, des épisodes de séries, des comédies pour le cinéma et pour la scène, son cœur était très attaché à la Cartoucherie, où, en sortant de ses trois années d’études au conservatoire, elle avait tenu à suivre des stages à l’Epée de Bois, au Soleil auprès d’Ariane Mnouchkine. Elle était souvent engagée dans des comédies de divertissement, dans les théâtres privés, mais elle se passionnait pour l’ensemble de la création dramatique. Et joua du Pirandello, du Martin Crimp, dans des productions très intéressantes. Elle excellait dans Molière, comme dans Claudel, et illuminait de son tempérament comique Courteline tout en trouvant la profondeur et un rire singulier chez Grumberg.

Une grande, longue, belle carrière de plus de quarante années ne se circonscrit pas dans des listes de rôles. Françoise Pinkwasser, avec sa grâce, son élégance, sa gravité comme son esprit de femme qui prenait son métier au sérieux et se jetait de toutes ses fibres dans des répertoires très contrastés, du rire de Baffie aux larmes d’Apollinaire,

Ses grands yeux clairs, sa gravité parfois. C’est la photographie qu’ont choisie ses amis de « Rue du Conservatoire ». DR.

La dernière fois qu’on l’avait beaucoup applaudie, c’était dans Hollywood, au Théâtre Antoine, auprès de son frère. Elle était épatante. Mais elle aimait aussi la petite boutique qu’est La Huchette et elle a fait partie de cette troupe toujours revivifiée. Et elle avait également joué, il y a quatre ans, au Théâtre de Paris, sous la direction du très regretté Pierre Cassignard, une pièce intitulée Comme à la maison.

L’association rue du Conservatoire a publié ce message : « Toutes ses amies et tous ses amis du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique ont l’immense peine d’apprendre le décès de leur camarade, de leur complice et de leur soeur , la comédienne Françoise Pinkwasser qu’ils appelaient “Pinky”. Rue du Conservatoire adresse ses plus sincères condoléances à sa famille et à sa famille de coeur. C’est son grand talent, son humour et sa joie de vivre que tous saluent, mais aussi sa  gentillesse, son humanité, sa simplicité, son humilité et son courage face aux épreuves. Toutes ces valeurs étaient transfigurées dans tous ses personnages et sa seule présence ».

Sur le site de l’association, on trouve également, un parcours rédigé par Françoise Pinkwasser elle-même. Elle retient ce qui lui tenait le plus à coeur et en particulier, le cirque et le chant :

« J’ai suivi une formation de comédienne au début des années 80 chez Jean-Laurent Cochet, au Studio 34 puis au CNSAD.

Au Théâtre, j’ai joué (entre autres auteurs), Crimp (« Atteintes à sa vie »), Huysman (« Le sang chaud de la Terre »), Bonal (« Légère en août »), Büchner (« Léonce et Lena »), Pirandello (« Les grelots du Fou »), Claudel (« Le père humilié »), Courteline, Musset (« On ne badine pas… »), Hugo (« L’Intervention »), Marivaux et Molière, dans des mises en scène de Pascale Siméon, Claude Stratz, Colette Teissèdre,Thierry Hancisse, Robert Cantarella, Philippe Lagrue, François Rancillac, Philippe Ogouz, Jean-Pierre Miquel, Marie-France Santon, etc…

À la télévision, j’ai tourné sous la direction de Denys Granier-Deferre, Dominique Baron, Jean-Louis Lorenzi, Yves Boisset, Thierry Binisti, Alain Nahum, Michaël Perrotta, Pierre Aknine, Gilles Béhat, Jacques Maillot, etc …

Au cinéma, on a pu me voir dans des films de Patrick et Guila Braoudé, Miguel Courtois, Lorraine Levy, Gilles Marchand, Didier Bivel, Ermano Olmi, Francis Girod, Jacques Rouffio, etc…

J’ai aussi pendant 2 ans fait partie du Cirque Baroque en tant que Chanteuse et « Madame Loyale », puis j’ai joué à Paris et en tournée un spectacle de clowns (« Imbroglio ») avec les Macloma. »

Un très beau chemin, vraiment.