Spectacle itinérant : une halte particulière

Parmi les étapes de « A l’orée du bois », forme légère qui va vers les spectateurs, le centre pénitentiaire du Pontet. Dans le grand gymnase, les détenus étaient nombreux, en pays de connaissance.

Moins d’une heure, un décor fait de cagettes, trois interprètes et un ingénieur du son musicien, le spectacle de Pierre-Yves Chapalain est léger. Il est la production itinérante de la 76ème édition du festival d’Avignon. Une quinzaine d’étapes, plus une. Celle qui a conduit les artistes au centre pénitentiaire du Pontet il y a quelques jours. Une représentation donnée en début d’après-midi, en présence du directeur de l’établissement, Alexandre Bouquet, et de représentantes de l’administration, Samantha Fontaine notamment et Anaïs Chatellier, coordinatrice des activités culturelles au sein de l’établissement, dans le cadre du service pénitentiaire d’insertion et de probation.

Olivier Py a toujours pris très au sérieux le travail qu’il fait pour et avec les détenus. Il n’est pas du genre, un p’tit tour, un p’tit atelier et puis s’en va ; cela fait des années qu’il travaille au cœur de l’établissement. Parfois, il a obtenu l’autorisation de faire jouer certains détenus à l’extérieur, dans le cadre du festival, même.

Ce jour-là, Véronique Matignon, l’assistante du directeur du festival d’Avignon est présente, et Enzo Verdet qui, depuis cinq ans, est complètement investi auprès des détenus, pour les former au jeu, au théâtre, aux textes. En juin dernier, ils ont interprété Œdipe de Sénèque. « C’est ce qu’il nous faut, et même des textes encore plus longs ! » glisse Bilal, l’un des hommes férus d’art dramatique. Il a incarné Oedipe. Nagy, Ahmed, eux aussi, très sensibles au théâtre, expriment leurs sentiments à l’issue de la représentation. Ils ont joué, Manto, le fils de Tirésias, le choeur également. Ils suivent les ateliers et les répétitions étaient organisées deux fois par semaine.

A l’orée du bois est une histoire simple, elliptique, avec Pierre-Yves Chapalain, Kahena Saïghi, Madeleine Louarn, dont on avait applaudi Gulliver l’été dernier, et le régisseur musicien, Pablo Pensavalle.

Le public est très bienveillant, très attentif, et si, au cœur du spectacle, des phrases évoquent l’enfermement d’une manière qui pourrait les blesser, ils encaissent. Comme le dit Enzo Verdet « ils en ont entendu d’autres ».

Ceux qui s’expriment, ensuite, se montrent très sensibles au jeu de Pierre-Yves Chapalain. Ils sont en quête de modèles, d’espérance. Le travail au long cours avec Olivier Py et Enzo Verdet, avec les comédiens proches d’Olivier Py, leur a plu. Est-ce que Tiago Rodrigues s’occupera d’eux, directeur à venir du festival ? Véronique Matignon, Anaïs Chatellier et Enzo Verdet les rassurent. Le théâtre viendra encore à eux, sous une forme ou une autre.

A l’orée du bois, en itinérance jusqu’au 26 juillet à 20h00.