Vincent Dedienne, l’acrobate inspiré

Il a du charme et de la grâce. Dans « Un soir de gala » aux Bouffes du Nord, il séduit et fait rire. Il émeut.

Il est délicat. Fin et délié. Il irradie d’une générosité profonde. Il peut jouer les méchants, comme dans ce « soir de gala » au cours duquel il tire le portrait acide de quelques contemporains, le sentiment que l’on a est celui de son humanité et d’une gentillesse vraie. Prenez ce mot sans pincettes : il est noble. Et Vincent Dedienne est une âme rare.

Il dit, avec sa fougue de trentenaire, qu’il a cessé de tourner autour de son nombril, pour s’intéresser à celui des autres. Mais il fait bien plus que cela. Sur des textes plus ou moins nerveux de ses amies Juliette Chaigneau et Mélanie Le Moine, avec l’appui d’Anaïs Harté, et des textes qu’il a écrits lui-même ou participé à écrire avec son trio, il nous entraine sur des chemins bien balisés. A la rencontres de personnages ordinaires ou extravagants.

Comme chez lui sur une scène…Photographie de Jean-Louis Fernandez DR

Il signe, avec Juliette Chaigneau, la mise en scène de cette suite de numéros d’acrobates, explosant en beauté, à la fin, avec un moment de danse superbe, une chorégraphie de Yan Raballand, dans les lumières de Kelig Le Bars, et la scénographie laissant très libre la beauté des Bouffes du Nord, de Lucie Joliot.

« Allons, saute Marquis ! » comme dit Arlequin à la fin du Jeu de l’amour et du hasard où il était dirigé par Catherine Hiegel. Et cette ultime réplique devant Lisette, il la disait merveilleusement bien… Vincent Dedienne est un grand comédien classique, bien installé dans son temps, sa génération, mais très strict, au fond, dans sa manière d’aborder les textes. Il est précis. Il donne le sentiment de la rapidité, de l’improvisation, mais c’est un rigoureux.

Dans les belles lumières de Kelig Le Bars. Photographie de Jean-Louis Fernandez. DR.

Il pourrait sans rien perdre de sa grâce et de son charme, aller vers une écriture plus corrosive, plus sèche. Laconique, il est excellent. Mais on le suit dans les pleins et les déliés de ce soir de gala où la société du jour en prend pour son grade…

C’est lui que l’on vient voir. L’acrobate agile, ce fin félin qui fait des cabrioles et retombe toujours sur ses pieds. La voix est mélodieuse, le regard vif et tendre. Un prince aux Bouffes du Nord.

Bouffes du Nord, jusqu’au 29 janvier. Tél : 01 46 07 34 50. Puis en tournée, avant retour à Paris, en juin 2022.