Saudade rouge, comme les oeillets

Avec sa force, sa rage, son humour, ses talents sûrs de comédienne dont le monde est musical, Nadège Prugnard célèbre avec « Fado dans les veines » le Portugal de l’un de ses grands-pères, son exil et les vies d’aujour’hui.

Tout raconter serait abîmer. Tout dire serait émousser la formidable énergie qui se dégage de cette traversée sensible et audacieuse. Nadège Prugnard, avec son côté rock, son beauté flamboyante, ses allures de petite sœur de Janis Joplin, offre, avec Fado dans les veines un moment puissant, mélancolique mais sans délectation morbide. C’est triste, oui, comme la vie. Mais les flammes sont hautes, comme les ombres dans ce spectacle extrêmement bien mené.

L’artiste s’est entourée d’une troupe excellente. Dans une scénographie qui laisse libre et l’imagination et les mouvements de Benjamin Lebreton, des lumières de Xavier Ferreira de Lima, qui anime sans cesse les espaces, faisant naître des silhouettes changeantes, avec effets d’ombres, on l’a dit. Cela fait partie de l’envoutement.  

Les musiciens, les chanteuses et danseuses, tous et toutes acteurs très mobiles de cette célébration, acteurs de la mise en mouvement d’une mémoire à vif, sont de fortes personnalités : Radoslaw Klukowski et Laura Tejeda, sont sur le plateau et ont dirigé leurs camarades dans la création musicale collective. Eric Exbrayat, Jérémy Bonnaud, dans la diversité de leurs talents et leurs présences bien dessinées, sont parfaits comme leurs amies Charlotte Bouillot, idéale et, déliée, fine, voix superbe, Carina Salavado, la magicienne.

Parmi elles, parmi eux, fille du feu, Nadège Prugnard, une combattante avec pour toute arme cette poésie irradiante.

L’Echangeur, à Bagnolet, à 20h30, ce soir et demain. Tél : 01 43 62 06 92. D’autres dates sont à venir, de mars à mai.

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